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Julie ARGOUSE
Diplômée des Beaux-Arts de Saint Etienne : D.N.S.E.P.
Enseignante en Expression Plastique en écoles supérieures

Atelier Galerie L’ART OSEUR sculpture peinture illustration

Saint Bartélémy-Lestra

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Née à Reutlingen 46 ans

Portrait
Julie Argouse
12 avril 2022 Alexandra TISSOT


L’Art Oseur
Eloge de l’imperfection

Normal : qui est conforme à une moyenne considérée comme une norme, qui n’a rien d’exceptionnel, qui ne surprend ni dans un sens ni dans un autre. Parfait  : Qui est au plus haut, dans l’échelle des valeurs, tel qu’on ne puisse rien concevoir de meilleur. Sans défaut, sans reproche. Tout un programme n’est-ce-pas ? Destiné autant à rendre l’humanité insatisfaite qu’à la faire se mourir d’ennui.

Parce que la perfection n’est pas humaine, et que la normalité n’est vectrice, au mieux, que d’une existence plate. Quant à l’art, s’il vise souvent l’idéal esthétique, il ne se nourrit, ou ne se nourrit bien, ni de l’une ni de l’autre. Le poète Yves Bonnefoy en parlait en ces termes : « Aimer la perfection parce qu’elle est le seuil- Mais la nier sitôt connue, l’oublier morte-L’imperfection est la cime ». D’autres en ont même fait une philosophie. Les sages nippons racontent une histoire en ce sens : un jour d’automne à Kyoto, le maître de thé Sen Rikyu demande à son disciple de préparer la cérémonie du thé. Celui-ci fait alors en sorte d’avoir à présenter un jardin impeccable. Il ratisse les allées, taille les haies, coiffe les brins d’herbes. Mais, dans un dernier geste machinal, secoue une branche d’érable qui laisse tomber ses feuilles au sol et sème ainsi la zizanie dans ce décor parfait. Damned. Ce n’est pourtant qu’à ce moment là que la cérémonie commence. Lorsque Sen Rikyu s’émerveille de cette parfaite imperfection, et fait naître au monde le « wabi sabi », un concept esthétique et spirituel qui célèbre, justement, l’imperfection des choses. La ride, la cicatrice, la fêlure, la folie, l’asymétrie, le déséquilibre, le défaut… sont autant de mots connotés négatifs pour décrire une personne, un état, un objet, un paysage ou autre. Alors qu’une approche bienveillante de l’existence devrait être la clé de voute de tout épanouissement. Les meilleurs d’entre nous, ou les plus vivants, tentent non pas de lisser mais de sublimer la ride, la cicatrice, la fêlure, la folie, l’asymétrie, le déséquilibre, le défaut. Pour en faire un vécu, une renaissance, un élan, une force, une richesse, un don, un excès. L’art lui-même existerait-il dans un monde parfait où une humanité « normale » n’aurait aucune fièvre créatrice, aucun trop-plein, aucun débordement ?

Julie Argouse est une artiste pluridisciplinaire de Saint-Barthélémy-Lestra, ayant fait de l’imperfection une source d’inspiration, et du lâcher-prise une technique d’exécution.

Son travail, dans le domaine de la peinture, de la sculpture, ou de la photographie, donne à voir la fragilité devenue singularité, l’accident devenu opportunité, l’attente devenue possibilité, le déséquilibre devenu grâce. Ses œuvres nous invitent à plus d’indulgence envers nous-mêmes, de mansuétude envers les autres, comme à plus de reconnaissance envers le poids de l’existence. Parce qu’accepter ce qu’il a fait de nous, c’est s’en libérer un peu. Le dépasser. Les épaules voutées peut-être, les bedaines, ou les os, saillants, les lèvres entre moues et sourires. Mais toujours le poing levé. (Amel Bent)

 

 

« Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le »

Ah !! L’ennui ! Cette fonction naturelle contre laquelle nos contemporains luttent si activement. L’enfant d’aujourd’hui connaît si peu le vide, le désœuvrement, l’inoccupation, le silence. Pourtant, loin de l’ennui qui n’en finit tellement pas qu’il peut mal finir, le « farniente » forcé ou le bourdon intellectuel peut être un moteur de découverte de soi, de nos aptitudes, et de notre compréhension du monde. Si Newton n’avait pas été confiné pendant la Grande Peste de Londres (1655-56), aurait-il découvert la loi de la gravitation universelle après qu’une pomme eut chuté de son arbre ? Julie Argouse accorde, elle, un rôle prépondérant au colossal ennui ressenti dans son enfance, qui l’a conduite à dessiner du matin au soir, et du soir au matin. A nager, aussi, beaucoup. Jeune bachelière, elle pense s’orienter vers la psychologie ou le tourisme, et c’est un peu en dilettante qu’elle passe le concours des Beaux-Arts. « Juste pour y accompagner une amie, avec mon petit carton à dessins sous le bras ». Elle est pourtant reçue, et embarque, presque sur un malentendu, pour « 5 années de pur bonheur ». Le destin, qui parfois fait bien les choses, a choisi pour elle. Fraîchement diplômée des Beaux-Arts de Saint-Etienne, Julie dépose une candidature au rectorat de Lyon, et commence dans la foulée une carrière d’enseignante en expression plastique dans divers établissements. Ce métier, qu’elle exerce pendant des années, lui permet de continuer à apprendre. En parallèle, elle s’investit auprès d’associations en y animant des ateliers. Ces expériences en tant que bénévole sont très formatrices. Elle se frotte à tous types de public, et se découvre un net intérêt pour la créativité singulière des personnes fragilisées, par un handicap, une maladie, un trauma… Son travail personnel, en sculpture, peinture ou photographie, se nourrit de plus en plus de son observation de cette humanité délicate et cassable. Bientôt, elle se met en quête d’un grand atelier, aussi bien pour ses créations que pour y accueillir des élèves. Elle ouvre large son compas autour de Lyon, et choisit en 2006, avec son mari, Saint-Barthélémy-Lestra dans le Forez. Le 31 mai 2008, l’association « L’Art Oseur » ouvre ses portes dans une ambiance bohême, bienveillante et créative. Depuis, Julie continue ses interventions en milieux scolaires, de la petite enfance aux grandes écoles d’art de toute la région Rhône Alpes.

 

 

Atelier l’Art Oseur : sculpture, peinture, illustration

Entre deux jardins intimistes, l’atelier l’Art Oseur propose à un public très varié, et de tous âges, des séances hebdomadaires, des cours particuliers, des stages les week-ends ou pendant les vacances scolaires. Son but est d’éveiller, avec consentement, à la culture artistique, et de participer à l’animation culturelle du village. Les projets sont multiples et l’Art Oseur offre une immersion dans diverses techniques (modelage terre, linogravure, peinture à l’huile au couteau, fusain, aquarelle, encre, illustration, film d’animation, sculpture en fil de fer…). Surtout, chacun peut être accompagné dans son projet artistique, quel qu’il soit, pour ne fermer la porte à aucune forme d’expression individuelle. Julie apprend à ses élèves à lâcher-prise, à se découvrir, à se surprendre. Elle a une tendresse particulière pour la sculpture en fil de fer, qui laisse une place à l’inattendu, à l’accident, à l’imparfait, et permet à certains de se réconcilier avec leur corps. Un corps qu’il faut remplir de papier mâché, pour lui donner une substance, grasse ou gracile, des formes à aimer, à respecter, des attitudes à humaniser, des gestes à faire tendre vers le ciel.
Coexistence de gravité et légèreté

Julie aime la dualité, celle qu’implique son travail sur la fragilité humaine. Ses personnages supportent parfois la lourdeur de l’existence, sans être pour autant dépourvus d’élan vital : un bras levé, un regard en l’air viennent alléger une inquiétude ou une tristesse palpables. Ses peintures et ses sculptures s’interrogent sur l’imperfection, les loupés, la sensibilité, et tout ce qui rend un homme différenciable d’un autre. L’eau est dans ses œuvres un élément récurrent. L’eau variable, insaisissable, rassurante ou déferlante, l’eau qui porte ou qui bouleverse, qui apaise ou fait chavirer. Julie s’inspire principalement des personnes qui l’entourent, de ce que leur corps raconte, inconsciemment parfois. Elle se nourrit de « l’autre », de l’idée du couple, avec ses tensions et ses attirances, ses équilibres et déséquilibres. Dans ses photographies, elle aborde l’attente, la relation au temps, les moments suspendus, et permet à chacun de se raconter l’histoire qu’il veut. Elle mélange les techniques, passe de l’une à l’autre,laisse la sculpture nourrir la peinture, l’eau s’inviter dans ses photos, le fil de fer se tordre et se remplir, jusqu’à restaurer l’équilibre fragile du monde.

Exposition tous les derniers week-ends de novembre.

Association L’Art Oseur
41 rue du relais de poste, 42110 Saint Barthélemy-Lestra
04 77 28 56 01
www.art-oseur.fr
www.julieargouse.com
 

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